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Le 3 juillet 1942, Himmler dit à Kersten :

— Préparez vos valises pour un séjour en Russie. Nous partons dans quelques heures.

Un mois auparavant, la deuxième offensive générale contre les armées soviétiques avait été lancée par la Wehrmacht en partant des territoires conquis l’année précédente. Elle visait la Volga et le Caucase. C’était le coup de boutoir suprême. Hitler y avait employé toutes ses forces et comptait bien, cette fois, mettre la Russie à genoux.

Les premières batailles lui avaient valu la prise de nouvelles provinces. Himmler, comme d’habitude, allait les « organiser ».

Le Grand Quartier de Hitler se trouvait à Vinnitza, en Ukraine. Celui de Himmler l’attendait, à soixante kilomètres de là, dans la ville de Jitomir.

Le 5 juillet, le Reichsführer débarqua de son train spécial pour gagner le groupe de bâtiments où il devait vivre et travailler avec son état-major.

C’était une vieille caserne russe, entourée de hauts murs et de barbelés. Himmler y occupa une petite maison qui, avant l’invasion, abritait un officier supérieur soviétique. Kersten fut logé non loin de lui, dans une maison semblable.

La vie qu’eut à mener alors le docteur fut, pratiquement, celle d’un interné. Il ne pouvait se promener que dans les limites du camp sinistre. Autour de ses murailles et de ses barbelés, tout se trouvait surveillé, verrouillé, barricadé, miné. Quand le docteur voulait aller en ville, il lui fallait obtenir une permission et un laissez-passer en règle. Deux soldats en armes l’accompagnaient dans la voiture mise à sa disposition et lui interdisaient d’en descendre.

— Nous sommes ici en pays ennemi, je ne veux pas que vous preniez des risques, lui avait dit Himmler.

Lui-même, craignant sans cesse un attentat ou un raid de partisans russes, ne se déplaçait qu’au milieu d’une escorte nombreuse et redoutable.

Dans un cadre et un climat aussi étrangers à Hartzwalde, le souvenir des Témoins de Jéhovah ne pouvait même pas effleurer l’esprit de Himmler. Le docteur aborda enfin la question si longtemps différée.

— Est-il vrai, demanda-t-il un soir, que, dans vos camps de concentration, les hommes et les femmes sont systématiquement torturés à mort ? Jusque-là, je ne voulais pas vous en parler. Mais à Berlin, avant notre départ, j’ai eu de telles révélations que je suis forcé de vous le demander.

Himmler rit de grand cœur. Du moins il en eut l’air.

— Allons, mon cher monsieur Kersten, s’écria-t-il, voilà que maintenant vous donnez dans les panneaux de la propagande alliée. Mais, voyons, cela fait partie de leur guerre, les faux bruits.

— Il ne s’agit pas de propagande alliée ou autre, dit posément le docteur. Mais de faits que j’aimerais discuter avec vous, parce que je les tiens d’une source très sérieuse.

— Quelle source ? demanda vivement Himmler.

Alors Kersten lui conta l’histoire plausible qu’il avait minutieusement préparée, afin de détourner tout soupçon des Témoins de Jéhovah.

— J’ai rencontré, dit-il, à l’ambassade finnoise, à Berlin, deux journalistes suisses en route vers la Suède…

— Hé bien ? demanda Himmler.

Ici, Kersten tenta sa chance. Il avait entendu, au mess du Reichsführer, que, dans les camps de concentration, les gardes S.S. avaient reçu l’ordre de photographier et filmer toutes les tortures auxquelles se livraient les bourreaux. Il n’avait pu croire à une mesure aussi folle qu’abominable. Mais, dans cet entretien, il joua la certitude.

— Ces journalistes, dit-il, avaient acheté dans les environs des camps, à des gardes S.S., des photographies de tortures.

Au mouvement qui dressa Himmler sur son lit de camp, Kersten comprit que les bruits auxquels il avait refusé de prêter foi exprimaient la vérité.

— Ils sont encore en Allemagne, ces journalistes ? demanda rudement Himmler.

— Oh non, ils sont en Suède maintenant et peut-être déjà en Suisse, dit Kersten.

— Savez-vous comment je pourrais racheter ces photographies, à n’importe quel prix ? s’écria Himmler.

— Vraiment pas, dit Kersten.

Il secoua la tête en signe de reproche et poursuivit :

— Est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux me parler franchement ? Vous ne croyez pas que je mérite un peu de vérité ?

Himmler détourna le regard. Un profond embarras se peignit sur ses traits.

— Vous avez vu les photographies vous-même ? demanda-t-il.

— Bien sûr, dit Kersten, sans hésiter un instant.

Seulement alors, Himmler se décida.

— Bon, dit-il. Je dois reconnaître qu’il se passe dans les camps des choses que vous, avec votre mentalité de Finlandais et les habitudes intellectuelles que vous avez prises dans votre démocratie de Hollande, vous ne pouvez pas comprendre. Vous n’avez pas été à l’école nazie.

Sans s’en apercevoir, le Reichsführer avait pris l’inflexion d’un pédant monté en chaire. Il continua :

— Je ne m’étonne donc pas que vous trouviez mauvaises certaines méthodes. Mais il est juste que l’on oblige à souffrir les traîtres, les ennemis du Führer, aussi longtemps et aussi cruellement que possible. C’est à la fois un châtiment légitime pour eux et un exemple pour les autres. L’avenir nous donnera raison.

Sa voix s’éleva d’un ton, plus dogmatique encore.

— Savez-vous, dit-il, pourquoi les gardes S.S. ont l’ordre de photographier les tortures, toutes les sortes de tortures infligées dans les camps ? C’est afin que, dans mille années d’ici, on sache comment les vrais Allemands, pour leur plus grande gloire, ont combattu les adversaires du Führer germanique et la race maudite des Juifs. Et les générations futures vont admirer les images du siècle d’Adolf Hitler et lui en seront reconnaissantes – pour l’éternité.

Kersten avait envie de se boucher les oreilles. Il sentait dans sa bouche un goût de nausée. Jamais encore l’impression de vivre chez les déments n’avait été aussi forte. Le fou sanglant… le demi-fou fanatique – ce couple l’hallucinait.

— Alors, demanda-t-il en se forçant au calme, mais sachant très bien qu’il allait toucher Himmler au point le plus sensible, alors c’est ainsi que se manifeste le fameux honneur de vos S.S. ! Servir de bourreaux ?

— Ce n’est pas vrai, vous ne devez pas dire cela ! cria Himmler. Mes S.S. sont des soldats. Ceux qu’on trouve dans les camps c’est le rebut de notre armée. Tout est réglé à la perfection.

Habitué qu’il était à parler sans retenue devant Kersten quand le docteur le soignait, et la vanité professionnelle aidant, Himmler reprit son intonation de cuistre souverain.

— Voici comment les choses sont calculées, dit-il. Un soldat S.S. ou un sous-officier commet une infraction au règlement, – désobéissance à un supérieur, retard pour rentrer de permission, absence illégale ou autre délit de ce genre. Bien. Il passe devant un conseil de discipline. Là on lui propose l’alternative : être puni et voir cette punition inscrite sur son carnet militaire, ce qui lui enlève toute chance d’avancement, ou aller dans un camp de concentration à titre de gardien, avec tous privilèges et libertés à l’égard des prisonniers. Il choisit la dernière proposition. Bien. Peu après son arrivée dans le camp son chef lui demande – remarquez bien, n’ordonne pas, mais demande seulement – de torturer, puis d’exécuter un détenu. En général, le nouvel arrivant se révolte. Alors le chef lui donne le choix : être renvoyé à son corps, subir une peine disciplinaire aggravée ou accomplir la besogne. En général, le soldat préfère rester. La première fois qu’il fait souffrir et tue un homme, c’est à contrecœur. La deuxième expérience est plus facile. Finalement, il y prend goût et commence à se vanter de son ouvrage. Alors, comme il est encore trop tôt pour que ces choses deviennent publiques, il est liquidé à son tour et remplacé par un autre.

Les deux hommes gardèrent un assez long silence. Himmler pour goûter à loisir la juste fierté que lui inspirait une méthode aussi ingénieuse et Kersten pour reprendre son sang-froid.

— C’est vous, demanda-t-il enfin, qui avez mis au point le système ?

— Oh non ! s’écria Himmler dans un élan qui exaltait sa foi la plus profonde, oh non ! C’est le Führer en personne. Son génie va jusqu’aux plus petits détails.

— Et pour les tortures, demanda alors Kersten, est-ce lui également qui les a prescrites ?

Un mouvement d’indignation redressa de nouveau le torse étriqué du Reichsführer sur son lit de camp.

— Comment pouvez-vous penser qu’il puisse se faire quoi que ce soit sans l’ordre de Hitler ? s’écria-t-il. Et quand le plus grand esprit qui ait jamais vécu sur notre terre ordonne de pareilles mesures, qui suis-je pour le critiquer ?

Il regarda Kersten dans les yeux et dit à mi-voix :

— Vous savez bien que, de mes mains, je suis incapable de faire mal à quelqu’un.

C’était vrai. Et personne autant que Kersten ne pouvait connaître combien chez son patient les nerfs étaient faibles et lâches. Le chef suprême des bourreaux, le maître des supplices, ne supportait pas la vue des souffrances, ni d’une goutte de sang.

— Donc, reprit Kersten, si le plus grand esprit sur notre terre vous ordonnait de faire tuer votre femme et votre fille ?

— Je le ferais sans réfléchir une seconde, répondit Himmler avec emportement. Car le Führer saurait, lui, pourquoi il a donné cet ordre.

Kersten se leva lourdement de son siège. Le traitement était fini.

— Il n’empêche, dit le docteur, que vous entrerez dans l’histoire comme le plus grand meurtrier de tous les temps.

Himmler se leva à son tour et, à la stupéfaction du docteur, rit aux éclats.

— Non, cher monsieur Kersten, non ! Je ne serai pas responsable devant l’histoire.

Le Reichsführer tira son portefeuille d’une poche de son pantalon, y prit un papier et le tendit à Kersten.

— Lisez, s’écria-t-il gaiement.

La feuille portait en haut le nom de Hitler gravé en lettres d’or et en bas sa signature. Elle certifiait que, pour tous les ordres reçus par Himmler en ce qui concernait les tortures et l’extermination des Juifs et autres prisonniers des camps, Hitler les prenait entièrement à son compte et en déchargeait complètement le Reichsführer.

— Hé bien, vous avez lu ! dit Himmler d’une voix triomphante.

Mais il vit que le docteur n’était pas convaincu et voulait prolonger la discussion. Alors, il arrêta ce dialogue en remettant sur ses épaules chemise et vareuse, et déclara :

— Assez parlé de bêtises comme cela. Personne n’aura à me demander le moindre compte. L’Allemagne va gagner la guerre avant l’automne.

En effet, dans les mois de l’été 1942, les blindés à croix gammée poussaient des pointes jusqu’à la Volga et l’armée victorieuse de von Paulus approchait de Stalingrad.

 

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